«SFR en colère, ah bon, pourquoi ? » s'étonne un quinquagénaire qui sort du parking souterrain et tombe presque nez à nez avec une centaine de manifestants, placés sous une banderole où l'on peut lire « SFR en colère, le 900 ne répond plus ». Manifestement, le monsieur était surtout venu pour assister au meeting de François Fillon, mais il aura appris au passage qu'une bonne partie des 582 employés lyonnais de l'opérateur mobile n'est pas franchement rassurée quant à leur avenir. Cette profonde inquiétude, ils entendaient également en faire part à François Fillon. Ce n'est pas lui mais l'un de ses conseillers techniques, accompagné du directeur de cabinet du préfet du Rhône, qui a finalement reçu, pendant une grosse heure, une délégation composée de quatre élus de SFR. « Nous avons demandé aux politiques de faire passer ce message à SFR : on ne peut pas se débarrasser de 1 800 salariés comme ça », explique Faten Ben Amor, déléguée syndicale Unsa. « Nous avons également demandé à ce que le gouvernement respecte ses engagements, à savoir la défense de la valeur travail et l'augmentation du pouvoir d'achat. Car nous, avec ce qui se profile, nous allons surtout travailler plus pour gagner moins », insiste Anne Eva, déléguée CGT. Pour être certains que le message passe bien auprès des pouvoirs publics, une manifestation est organisée aujourd'hui, à Paris, à laquelle devraient participer environ 200 salariés lyonnais, selon les syndicats. Ces derniers ont profité de leur entrevue lyonnaise pour demander officiellement à être reçus par Jean-Louis Borloo. Sans obtenir de réponse positive hier soir. Autant de démarches qui ne vont pas dans le bon sens, du point de vue du directeur du site de Lyon, Jean-Marc Harthé : « La direction de SFR a décidé d'ouvrir des négociations pour accompagner le transfert. Et elle est prête à aller plus loin mais les organisations syndicales ne se rendent pas aux réunions », déplore-t-il. Les syndicats, eux, ne sont pas dans cette logique : il ne s'agit pas, pour eux, d'accompagner le transfert total des 1 800 salariés de SFR vers la société Teleperformance, mais bien d'obtenir de la direction qu'elle fasse marche arrière et renonce à cette externalisation de l'essentiel de son service client.
J.-Ph. Vigouroux jpvigouroux@leprogres.fr |